Être père et gay, c’est être confronté à des réalités qui diffèrent d’un parent hétérosexuel.
Et notamment lors de la fête… des mères.
Il aura fallu attendre l’arrivée de notre fils à l’école maternelle pour que cette question se pose.
C’est ainsi qu’en 1ère maternelle, Madame A. nous a demandé comment on voyait les choses et, notre fils ayant 3 ans et étant parfaitement au clair avec son histoire, nous avons répondu que nous en parlerions avec lui. Alix sait qu’il a une mère qui l’a porté, pour ses papas, jusqu’à sa naissance et que, depuis, ce sont eux qui s’occupent de lui. Il connait le nom de cette femme merveilleuse, son visage et sait donc qu’il a une mère, et pas de maman (nous faisons cette distinction entre la personne qui a porté l’enfant et celle qui l’élève). Cette fois-là, il a répondu à Madame A. qu’il ferait un cadeau pour moi à la fête des mères et celui pour la fête des pères irait à l’autre papa. Finalement, j’ai eu droit à un cadeau lors des deux fêtes. L’année suivante, rebelote, et là, Alix partait sur un cadeau pour marraine pour la fête des mères et deux pour ses papas ensuite. Au final, j’ai encore reçu deux cadeaux.
Arrivé en 3e maternelle, ce sont les instits qui viennent me trouver en début d’année en me disant « Pour la fête des mères, nous avons pensé qu’Alix pourrait… ». Je les ai arrêtées tout de suite en leur disant, gentiment, de ne pas penser pour Alix : c’est sa vie et son histoire, c’est à lui de décider. Je leur ai d’ailleurs précisé que ce concept de fête des mères et des pères devenait de plus en plus obsolète, tant les configurations familiales, et pas seulement la nôtre, ne rentraient plus dans ces cases. C’est alors que, comble de l’absurde, une des instits m’a raconté que, ayant perdu sa propre mère à 8 ans, elle avait du continuer à fabriquer un cadeau de fête des mères chaque année jusque la fin de ses primaires. Tragique, non ?
Etant quelqu’un qui s’investit dans tout qu’il fait, j’ai naturellement rejoint l’association de parents pour, très vite, en être bombardé président à peine un an après. Lors du conseil de participation de début d’année, j’ai tout simplement proposé que les fêtes des mères et des pères soient remplacées par une fête des familles. Elle aurait lieu lors de la fancy fair de l’école, programmée fin mai, soit pile poil entre les deux fêtes. Chaque enfant pourrait ainsi fabriquer deux cadeaux, non genrés de préférence, et les offrirait à qui il veut… et cette proposition a été accueillie avec enthousiasme et sans aucune résistance. Il fallait juste initier le mouvement, déjà présent, par ailleurs, dans d’autres écoles du même pouvoir organisateur.
Il me reste juste à espérer que mon fils m’offrira tout de même un cadeau lors de la toute première fête des familles 😉
Laurent M., membre d’Homoparentalités asbl